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Desroches [Emile Viallet]

La Barre des Ecrins et le Grand Pic de la Meije

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

Grenoble, Xavier Drevet, Éditeur, [1891]
In-12 (190 x 125 mm), 34-[2] pp.,
2 gravures hors-texte, couverture illustrée.
La Barre des Ecrins et le Grand Pic de la Meije, Desroches [Emile Viallet] : couverture La Barre des Ecrins et le Grand Pic de la Meije, Desroches [Emile Viallet] : titre
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Notes sur l'exemplaire

Broché

Notes sur l'ouvrage

Récits de deux ascensions dans le massif des Ecrins menées durant l'été 1888 par Emile Viallet. Ce sont des récits sobres et justes, où l'expression des sentiments personnels cède le pas devant la précision du récit, même si ceux-ci ne sont pas totalement absents.

Contenu de l'ouvrage :
La Barre des Écrins (pp. 5-16)
Ascension de la face Nord des Ecrins, le 20 août 1888, avec départ depuis La Bérarde, passage par le col des Ecrins et retour à La Bérarde, accompagnée par Jean Baptiste Rodier, guide, et Hippolyte Rodier, fils, porteur. Il discute les itinéraires par l'arête orientale ou occidentale. Après cette ascension, il souhaite enchaîner par celle des Rouies. Mais, retenu à la Bérarde par le mauvais temps, il voit la Meije : « [elle] m'impressionna, me fascina à un tel point point que, quelques heures après, au milieu de la nuit, revoyant en imagination ces rochers fantastiques, je fus pris du désir fou d'en essayer l'escalade. Jamais avant je ne me serais arrêté un seul instant à la pensée que je pusse sans témérité former un pareil projet. Cette vue de la montagne m'avait grisée. » S'ensuit un débat intérieur : doit-il faire les Rouies, son intention initiale, ou tenter la Meije ? Ce n'est qu'à la dernière minute qu'il se décide pour la Meije, alors qu'il était prêt à partir pour les Rouies... (pp. 15-16). Le passage sur cette indécision jusqu'à la dernière minute est particulièrement savoureux.
Le Grand Pic de la Meije (pp. 17-34)
Récit de l'ascension de la Meije le 24 août 1888, par Emile Viallet, avec Hippolyte Rodier. Il y a deux autres caravanes ce jour-là : Adolphe Petre, du Club Alpin Belge, et ses guides Emile et Hippolyte Pic, et Katherine Richardson, avec le guide Gaspard. Au total, 9 personnes se retrouvent au sommet de la Meije. Lors de cette ascension, il est visiblement impressionné par Katherine Richardson : « J'eus ainsi fréquemment l'occasion d'admirer l'aisance avec laquelle grimpait la vaillante alpiniste. Miss Richardson, qui a escaladé le Cervin avant la Meije, peut rivaliser, je crois, comme ascensionniste, avec ses collègues les plus renommés du sexe fort. » Cette ascension se distingue par la rapidité tant de la montée jusqu'au sommet, depuis Le Chatelleret (6h45) que de la descente sur la Bérarde. Des pages 29 à 34, il fait un résumé de l'histoire de la Meije et termine par quelques considérations générales sur les ascensions des Ecrins et de la Meije.

L'ouvrage est illustré par 2 gravures par Emile Guigues : La Barre des Ecrins et Le Grand Pic de la Meije et la vallée des Etançons (versant de la Bérarde). Selon Paul Guillemin, à propos de la gravure de la Meije (PG-Meije, n° 103) : "Ce dessin, qui a paru d'abord dans le journal le Dauphiné et dans le Bibliophile du Dauphiné (1891, n° 1), illustra La Barres des Ecrins et le Grand Pic de la Meije, par Desroches (M. Emile Viallet). Grenoble, Drevet, in-16; s.d. (1891). Il a été, en outre, tiré à part."


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Cet ouvrage a paru dans la collection publiée par Xavier Drevet : Bibliothèque du Touriste en Dauphiné. C'est une publication du journal Le Dauphiné. Les deux dernières pages non chiffrées contiennent la liste de livres Louise Drevet disponibles à la Librairie Drevet. Le quatrième de couverture donne la liste complète des numéros du Guide du Botaniste en Dauphiné, par l'abbé Ravaud, aussi publiés par X. Drevet dans la Bibliothèque du Touriste en Dauphiné.

Ces deux ascensions sont répertoriés dans la rubrique Courses et ascensions de l'Annuaire de la Société des Touristes du Dauphiné, 14e année, 1888, avec les autres cordées qu'il a croisées et dont il parle dans son récit :
La Meije (p. 74)
24 août. — Mlle Katharine Richardson, de Ripou. Départ de la Bérarde à 9 heures du soir, sommet à 7 h. 30 du matin. Arrivée à la Bérarde à 5 heures du soir. Guides : Gaspard père et J.-B. Bich, de Valtournanche.
24 août. — M. Emile Viallet, de Grenoble. Départ du Chatelleret à 1 h. 1/4 du matin; sommet à 7 h. 30. Arrivée au Chatelleret à 3 h. 1/2 du soir. Guides : J.-B. Rodier fils et Hippolyte Rodier.
24 août. — M. Petre, de Bruxelles. Départ du Chatelleret à 1 h. 1/4 du matin; sommet à 7 h. 30. Arrivée au Chatelleret à
3 h. 1/2 du soir. Guides : Émile Pic et Hippolyte Pic
Les Ecrins (p. 79) :
20 août. — M. Emile Viallet, parti du refuge de la Bonne-Pierre à 3 h, 1/2 du matin, col des Écrins à 7 h., sommet à 1 h. Retour à la Bérarde par la même route. Guides : J.-B. Rodier père et Hippolyte Rodier.
20 août. — M. Engelbach. Ascension par la face Sud et descente par la face Nord. Guides : J.-B. Rodier fils, Hippolyte Turc.

Cet extrait sur la vue depuis le sommet des Ecrins est un bel exemple du style de l'auteur, tout en retenue et sobriété, malgré, probablement, la force des impressions et des sentiments ressentis (pp. 12-14) :
« Le panorama des Écrins est d'une grandeur et d'une magnificence telles qu'on ne peut s'en faire une idée. Mais il faut un certain temps pour s'orienter et se reconnaître au sein d'un véritable chaos de montagnes, entre lesquelles, vers le nord, l'ouest et le sud, on découvre des espaces sans fin. Dans un rayon de 24 kilomètres à peine, on est entouré de cent trente pics dont une quarantaine ont une altitude dépassant 3,500 mètres. Au-delà, des centaines et des centaines de montagnes, blanches, noires, grises ou bleues, fuient jusqu'à celles que l'œil, même armé d'un télescope, confond avec le ciel dans les dernières profondeurs de l'horizon. Un des géants du massif au centre duquel on se trouve placé et qui lui a donné son nom, le mont Pelvoux, est pour ainsi dire à vos pieds. Près de lui, le Pic sans Nom et la masse énorme de l'Ailefroide, plus loin Les Bans qui dominent le magnifique glacier de la Pilatte, vous offrent un spectacle des plus grandioses. Vers le nord-est, la chaîne du Mont-Rose, après celle du Mont-Blanc, se montre avec une grande netteté, et le Cervin, malgré la distance, se fait remarquer par la hardiesse extraordinaire de sa structure. Proche de vous relativement, l'élégante pyramide du Viso attire d'un autre côté votre attention. Les Alpes de l'Oberland et de l'Engadine, les Alpes Cottiennes et les Alpes Maritimes, les Cévennes et les montagnes de l'Auvergne, puis les plaines du Rhône et de l'Ain, qu'on aperçoit par-dessus la chaîne de Belledonne et les montagnes de la Grande-Chartreuse, occupent à peu près les derniers plans de ce panorama immense. Avec ses lointains à peine perceptibles, il est sans doute un de ceux qui donnent le mieux l'impression de l'infini. Il en est peu, dans tous les cas, qui vous isole autant de la terre en ne vous laissant voir d'abord aucun vestige de l'homme. Au sommet des Écrins, on est perdu, en effet, au milieu d'une étendue prodigieuse de rocs et de glaciers. On découvre seulement, avec émotion, au nord-ouest, dans un bas fond, les pauvres champs des Étages, mais non ce hameau lui-même, et il faut longtemps chercher au loin un groupe d'habitations. La nature alpestre y règne ainsi dans toute sa sauvage et écrasante majesté. »

Emile Viallet, qui était aussi poète, a faire paraître un sonnet sur le même sujet, dans Littérature contemporaine. 43e volume. Les Poèmes du Souvenir, poésies, publiées par Évariste Carrance, Agen, 1890 (p. 18) :

AU SOMMET DES ÉCRINS

Je vois le Mont-Pelvoux — lui si fier ! à mes pieds
Et sous de vastes cieux pleins de magnificence,
Comme d'un océan les flots pétrifiés,
Mille sommets perdus dans un lointain immense.

Sur des pics sourcilleux et souvent foudroyés
Qui plus forts que le temps ont bravé sa puissance,
Sur l'horizon sans fin de rocs et de glaciers
L'ombre de l'Infini plane avec le silence.

O Dieu, quand la splendeur des Alpes me ravit,
Plus haut je monte et plus je sens mon néant même :
La montagne est si grande et je suis si petit !

Mais je rêve devant sa majesté suprême
– Pâle et lointain reflet de votre Majesté –
A l'extase du Ciel pendant l'éternité.

(20 août 1888.) EMILE VIALLET

Références  (Voir : Liste des sources et références)

Notice biographique Emile Viallet

Perret 1323 : « peu courant »
Maignien (Catalogue) : 376
Perrin : 286
BNF : 8-LK2-2840(31) et 8-H-28673