Blason Dauphiné BIBLIOTHÈQUE DAUPHINOISE Armoiries Hautes-Alpes
ACCUEIL LISTE DES OUVRAGES LISTE DES PERSONNES ACTUALITES CONTACT

Auguste Ducoin

Particularités inconnues sur quelques personnages des XVIIIe et XIXe siècles.
I. Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau.
Juillet – Septembre 1768.
Episode postérieur aux Confessions; publié pour la première fois et accompagné de lettres et de notes inédites de J.-J. Rousseau.

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

Paris, Dentu, Libraire; France, Libraire, 1852
In-8° (214 x 142 mm), VIII-104-[1] pp.
Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau, Auguste Ducoin : couverture Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau, Auguste Ducoin : titre
Pour agrandir, cliquez sur les photos

Notes sur l'exemplaire

Broché

Notes sur l'ouvrage

Etude historique sur le passage de Jean-Jacques Rousseau à Grenoble en juillet et août 1768. Il voyageait sous le nom de Renou.

Cette étude est basée sur un manuscrit de Gaspard Bovier, dont la famille accueillit Jean-Jacques Rousseau lors de son passage à Grenoble. Ce manuscrit, qui contient le récit jour par jour du séjour de Rousseau, avait aussi pour objectif de répondre au portrait malveillant que celui-ci donne de Bovier dans la 7e promenade des Rêveries du promeneur solitaire. Il lui reproche d'abord de ne pas l'avoir quitté ni le jour, ni la nuit. Surtout, il raconte une anecdote malveillante où G. Bovier, par « humilité dauphinoise », n'avait pas osé l'arrêter alors qu'il mangeait des baies empoisonnées lors d'une excursion sur les bords du Drac.

L'ouvrage d'Auguste Ducoin est un récit circonstancié du séjour de Rousseau à Grenoble, depuis son arrivée en provenance de Lyon, son passage à la Grande-Chartreuse pour herboriser jusqu'à son arrivée à Grenoble le 12 juillet 1768. Le récit au jour le jour de ce mois grenoblois est aussi une tentative de réhabiliter l'honneur de la famille Bovier, en rappelant toute la bonne volonté qu'ils ont mis à accueillir Jean-Jacques Rousseau, malgré son caractère irritable et changeant. Le portrait qu'Auguste Ducoin donne du philosophe met bien en valeur sa misanthropie, ses craintes de persécution, son caractère suspicieux et susceptible. Au-delà, c'est aussi l'occasion de découvrir comment la bourgeoisie cultivée et libérale de la ville pouvait recevoir un philosophe qui était déjà extrêmement populaire. Le séjour se termine par une obscure affaire de tentative d'escroquerie de Jean-Jacques Rousseau par un certain Thévenin. Il fuit Grenoble en août, pour n'y revenir que quelques jours en septembre 1768 alors qu'il est à Bourgoin.

Auguste Ducoin raconte que le départ précipité de Rousseau est la conséquence d'une maladresse du président du Parlement, Berulle, qui avoua avec franchise : "ce n'est pas que je connaisse vos ouvrages; je n'en ai jamais lu aucun". On voit d'ailleurs comment les différentes « autorités » de la ville cherchent à rencontrer un homme qui, par ailleurs, ne leur était pas spécialement favorable. Preuve de sa notoriété, mais aussi preuve d'un certain aveuglement sur la pensée de Rousseau et sur l'influence qu'elle aura sur les bouleversements à venir.

L'ouvrage se termine par 4 lettres de sa correspondance.
La dernière page non chiffrée contient l'Erratum.

Le quatrième de couverture et la page II, en face du titre, contiennent la liste des ouvrages d'Auguste Ducoin, avec l'annonce d'un ouvrage à paraître sur Charles Fourier, dans cette collection des Particularités. Cet ouvrage n'a jamais paru, comme le constate aussi la BNF dans la note qui accompagne cet ouvrage : « C'est tout ce qui est entré à la Bibliothèque par le dépôt »

Autres éditions du texte de Gaspard Bovier

Le texte de Gaspard Bovier a été réédité par les Presses Universitaires de Grenoble (PUG), en respectant les règles modernes de la publication des textes manuscrits :
Journal de l'avocat Bovier, présenté et annoté par Catherine Cœuré et Jean Sgard.
Presses Universitaires de Grenoble (PUG), 2012, in-8°, 127 pp., nombreuses illustrations en couleurs.

Journal de l'avocat Bovier, préenté et annoté par Catherine Coeuré et Jean Sgard : couverture
Pour agrandir, cliquez sur la photo

Disposant maintenant du texte fidèlement reproduit de Gaspard Bovier, j'ai découvert que le texte publié par A. Ducoin en 1854 n'était qu'une paraphrase du mémoire de l'avocat Bovier, paraphrase qui était parfois accompagnée de commentaires, voire de jugements de valeur sur ce "pauvre" Bovier. Le texte a même parfois été réécrit, rarement à l'avantage de Gaspard Bovier. La comparaison de ces deux extraits permettra de comprendre mon propos.

Le texte original, tel que donné par l'édition des PUG (p. 30) :

Pour éviter un détour dans les appartements des domestiques et la cuisine, je le conduisis par mon cabinet qui était contigu à l'escalier. En y entrant et voyant une bibliothèque assez considérable, trop peut-être pour un idiot de ma sorte, il fronça le sourcil et me dit d'un ton assez ironique : « Il y a ici bien des mensonges ! »
- « Il y a encore plus de belles et bonnes vérités, monsieur, lui repartis-je, je vous montrerai Emile qui me guide ainsi que vous allez le voir, le Contrat social que j'étudie, La Nouvelle Héloïse qui me transporte, plusieurs discours de Jean-Jacques Rousseau et d'autres auteurs qui m'instruisent et m'amusent. »
Il balbutia quelques mots et, continuant sa route en donnant la main à la belle nourrice.

La version d'Auguste Ducoin (pp. 19-20) :

On traverse un cabinet occupé par la bibliothèque de Bovier.
- Il y a ici bien des mensonges, dit Jean-Jacques, en donnant cours à ses pensées favorites, aussitôt qu'il apercevait un volume, ou la moindre feuille imprimée.
- On y trouve plus encore de belles et bonnes vérités, s'écrie l'avocat, à l'affût d'une occasion favorable pour glisser un compliment. Voyez l'Emile, qui est mon guide, le Contrat social que j'étudie et la Nouvelle Héloïse qui me ravit d'admiration !
A ce coup d'encensoir où fumait un parfum trop grossier pour son orgueil délicat et raffiné, Jean-Jacques rougit, balbutie quelques mots et s'empresse de gagner une petite cour.

On voit qu'après avoir été ridiculisé par J.-J. Rousseau, Gaspard Bovier se voit mal servi par son compatriote Auguste Ducoin.

Avant cette édition de 2012, le manuscrit de Gaspard Bovier a été auparavant publié en 1964 dans une édition bibliophilique :
Gaspard Bovier
Journal du séjour à Grenoble de Jean-Jacques Rousseau, sous le nom de Renou, établi d'après le manuscrit 15.282 du fonds français de la Bibliothèque Nationale.
Introduction de Raymond Schiltz. Préface de Jean Guéhenno. Illustration d'Henri Patez.
Grenoble, Roissard, [1964], in-8° ( 225 x 170 mm), 144-[8] pp., 8 illustrations hors texte : 4 dessins originaux d'Henri Patez, une reproduction de la carte de Cassini et 3 fac-similés.

Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau, Auguste Ducoin : couverture Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau, Auguste Ducoin : titre Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau, Auguste Ducoin : planche Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau, Auguste Ducoin : reliure
Pour agrandir, cliquez sur les photos

Cet ouvrage a été publié pour le Cercle des Professeurs bibliophiles de France, à 1000 exemplaires numérotés de A à Z et de 1 à 974.

L'introduction, qui situe bien le contexte de la visite de Rousseau à Grenoble et les motivations de Gaspard Bovier pour la rédaction de ce mémoire justificatif, insiste cependant beaucoup sur le mariage de Jean-Jacques Rousseau et Thérèse Levasseur, qui a eu lui pendant ce séjour en Dauphiné, à Bourgoin le 29 août 1768.

Pour être complet dans cette bibliographie, Ernest Jovy a publié ce Journal dans les Mémoires de la Société des sciences et arts de Vitry-le-François, dont il a été fait un tiré à part : 
Un Document inédit sur le séjour de Jean-Jacques Rousseau à Grenoble en 1768. (Journal du séjour de Jean-Jacques Rousseau à Grenoble sous le nom de Renou, par Gaspard Bovier.)
Publication, Vitry-le-François,  impr. de J. Denis, 1898, in-8°, 168 p. (BNF : 8-LN27-46130)

Références  (Voir : Liste des sources et références)

Notice biographique de Auguste Ducoin

Quand Rousseau herborisait à Grenoble, par Eliane Baracetti, in L'Alpe, n° 55, hiver 2012, pp. 48-53, avec une bibliographie qui annonce une nouvelle édition du journal de Gaspard Bovier.
Site internet entièrement consacré à une chronologie illustrée de Rousseau, par Takuya Kobayashi : cliquez-ici, avec trois pages consacrées au séjour à Grenoble : jun. 1768-jul. 1768 | jul. 1768-aou. 1768 | aou. 1768-aou. 1769.

Rochas, I, 336 : III
BNF : 8-LN2-33 et BMG : O.2766