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Blanc dit La Goutte

Deux ouvrages en un seul volume :
Poésies en patois du Dauphiné. Grenoblo malhérou.
Poésies en patois du Dauphiné. Préface et glossaire,
suivi de Copie de la lettre, suivi de Jacquety de le comare.

Description de l'exemplaire  (Voir : Notes sur la description des ouvrages)

Grenoble, Rahoult et Dardelet, Editeurs, 1864, in-4° (314r x 242 mm) IX-[2]-135-[5] pp., pour Poésies en patois du Dauphiné. Grenoblo malhérou.
Grenoble, Rahoult et Dardelet, Editeurs, Baratier Fres et Dardelet, Libraires, 1874, in-4° (314r x 242 mm), IX-78 pp. pour Poésies en patois du Dauphiné. Préface et glossaire, Copie de la lettre, Jacquety de le comare

Poésies en patois du Dauphiné : titre I Poésies en patois du Dauphiné : titre II Poésies en patois du Dauphiné : reliure
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Notes sur l'exemplaire

Demi chagrin noir à coins, dos à nerf orné de caissons à fleurons et motifs de dauphin, tranche de tête dorée.

Notes sur l'ouvrage

Ces deux ouvrages qui forment un tout contiennent la publication des poèmes Blanc la Goutte, illustrés par les dessins de Diodore Rahoult, gravés par E. Dardelet. Ils sont accompagnés d'une préface de George Sand et d'un glossaire. Les trois poèmes sont :
- Grenoblo Malhérou
- Copie de la lettre, dont le titre complet est : Coupi de la lettra écrita per Blanc dit la Goutta a un de sou-z-amis u sujet de l'inondation arriva a Garnoblo la veille de S. Thomas 20 décembro 1740.
- Jacquety de le Comare, aussi connu comme le Dialoguo de le Quatro Comare.

Frontispices des trois parties de l'ouvrage : Grenoblo Malhérou, Copie de la Lettre et Jacquety de la Comare.

Poésies en patois du Dauphiné : frontispice I Poésies en patois du Dauphiné : frontispice II Poésies en patois du Dauphiné : frontispice III
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Le contenu du premier ouvrage est le suivant :
- Faux titre (p. I) et titre (p. III), orné d'une vignette représentant un hibou avec l'écusson des trois roses de Grenoble.
- Préface (pp. V-IX), de George Sand, datée de Nohant, 23 octobre 1860. Cette préface rend hommage au travail de Diodore Rahoult qui s'est attaché à préserver le souvenir des anciens monuments de Grenoble, qui, comme partout, disparaissent sous « la pioche de la civilisation nouvelle ». Le « naïf et gracieux poëme » de Blanc la Goutte est le texte qui permet de mettre en valeur ces dessins de Rahoult. Elle rend ensuite hommage au poète « un de ses morts illustres, ignoré pourtant au delà de ses horizons, et digne d'être entendu et goûté de toute la France ». « Il y a du Balzac dans ce bonhomme ». Elle appelle de ses voeux la publication du Dialoguo de le Quatro Comare. Ses renseignements sur Blanc la Goutte proviennent de la notice de Pilot de Thorey dans Grenoble inondé. La préface est illustrée d'un bandeau et d'une lettrine.
- Un feuillet non chiffré qui contient une citation de Victor Hugo, extraite d'une lettre aux éditeurs, datée de Hauteville House, le 9 avril 1864.
- Grenoblo Malhérou (pp. 1-135). Le texte débute par un frontispice gravé. Ensuite, le texte se présente dans un cadre, illustré de gravures qui, en règle générale, utilise la plus grande partie de l'espace. La présentation la plus habituelle est une gravure occupant le cadre, avec un vers en tête et un vers au pied. Sur les différentes publications du Grenoble Malhérou, se reporter à la notice consacrée à une édition ancienne de ce poème.
- 2 feuillets non chiffrés contenant la table des illustrations, avec les légendes.

Le deuxième ouvrage contient :
- Titre (p. I). Pas de faux titre.
- Préface, d'Alexandre Michal-Ladichère (pp. III-IX). Après quelques généralités sur le « patois » parlé à Grenoble et l'influence du français, il introduit le glossaire, qui sert à expliciter le sens des mots utilisés par Blanc la Goutte dans ses poèmes. Quelques considérations sur l'orthographe et la grammaire concluent cette préface.
- Copie de la lettre (pp. 1-21), qui débute par une page de titre, sans aucune indication d'éditeur et de date (p. 1) et un frontispice (p. 3). La présentation est la même que Grenoblo malhérou. Le style des gravures est légèrement différent. Les scènes de genre prennent le pas sur les vues de Grenoble, ses monuments et ses bâtiments.
- Jacquety de le Comare (pp. 23-53), qui débute par un faux titre (p. 23), un titre complet (p. 25) et un frontispice (p. 27). Malgré la présence d'un faux titre et d'un titre, la pagination continue celle de l'ouvrage précédent.
- Glossaire (pp. 55-75). Le glossaire donne le sens des mots, mais aussi des éclaircissements sur des points d'histoire ou d'usages locaux.
- Table des illustrations (pp. 77-78) de l'ensemble des parties de cet ouvrage.

Le premier ouvrage a été publié en 9 livraisons, parues entre 1859 et 1864, imprimées par C.-P. Baratier à Grenoble pour les 6 premières et par A. Baratier à Grenoble, pour les 3 dernières. Le numéro de livraison se trouve au début des cahiers.
Le deuxième ouvrage a paru en 2 livraisons en 1874 et 1875, imprimées par E. Dardelet.

Grenoblo Malhérou a paru pour la première fois en 1733, la Coupi de la lettra et le Jacquety de le Comare en 1741. Ces trois pièces en patois de Grenoble sont l'œuvre de  Blanc la Goutte. Pour plus de renseignements sur la publication de ces textes, se reporter à l 'édition du Grenoblo Malhérou de Courreng (voir notice).

Vignettes de fin des trois parties de l'ouvrage : Grenoblo Malhérou, Copie de la Lettre et Jacquety de la Comare. La première vignette est un portrait imaginé de l'auteur, Blanc la Goutte.

Poésies en patois du Dauphiné : vignette de fin I Poésies en patois du Dauphiné : vignette de fin II Poésies en patois du Dauphiné : vignette de fin III
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Sélection d'illustrations de Diodore Rahoult pour : Grenoblo Malhérou. Elles sont représentatives du  style des images.

Poésies en patois du Dauphiné : illustration I Poésies en patois du Dauphiné : illustration II Poésies en patois du Dauphiné : illustration III Poésies en patois du Dauphiné : illustration IV Poésies en patois du Dauphiné : illustration V Poésies en patois du Dauphiné : illustration VI Poésies en patois du Dauphiné : illustration VII
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La deuxième illustration (p. 37) est une des premières représentations de la Meije. La légende donne : Le glacier de la Grave. Paul Guillemin, dans son étude La Meije dans l'image, la répertorie sous le n° 18. C'est probablement la première représentation fidèle, qui ne subit pas les déformations de l'imagerie romantique, telle qu'on peut la voir dans l'Album du Dauphiné ou les Voyages romanesques et pittoresques dans l'ancienne France de Taylor et Nodier. Paul Guillemin, qui ajoute "beau dessin de Rahoult", précise qu'il paraît dans le 3ème livraison, publiée en 1860.
Le troisième illustration (p. 39) plaisait particulièrement à Georges Sand qui dit dans la préface : "Les gravures sont d'un travail admirable et les compositions du peintre sont d'un maître. Il y a en une [cette gravure] qu'on pourrait appeler un véritable chef d'oeuvre".

Selon Vicaire (I, pp. 812-813), « il existe un prospectus illustré tiré dans le format et sur le papier de l'édition, et des exemplaires sur grand papier vélin ». Vicaire décrit le deuxième ouvrage seulement pour la Copie de la lettre. Il ignore l'existence du Jacquety de le comare. Il reprend dans sa notice les informations erronées sur l'âge de Blanc la Goutte, qui proviennent de la lettre jointe à l'exemplaire de l'édition originale de la vente Génard.

Un exemplaire de la vente Perrin (n° 1299) contient le prospectus et le spécimen, réunion qui est qualifiée de « très rare ».

Quelques autres commentaires dans des catalogues de ventes :
Vente Salvaing de Boissieu (n° 1442) : "Œuvres de bonne et malicieuse humeur Dauphinoise, interprétées par le crayon et le burin de deux véritables artistes qui, de ce volume, ont, avec le concours de l'imprimeur, fait un bijou dont la place est marquée dans toutes les bibliothèques des amateurs de gravures sur bois et de belle typographie".
Vente Genard (n° 295) : Exemplaire relié par Chambolle-Duru : « Charmante production dauphinoise devenu fort rare ». Selon Vicaire, il a été vendu 150 f. Il était incomplet du Jacquety.

La libraire Damascène Morgand proposait un exemplaire relié par Chambolle-Duru (n° 10823, décembre 1886), au prix de 140 fr. avec ce commentaire : "Cette édition est ornée à chaque page de superbes gravures sur bois qui font de ce livre un des beaux ouvrages illustrés de notre époque, aussi est-il difficile d'expliquer l'omission qui en a été faite par M. Brivois dans sa Bibliographie des ouvrages illustrés du XIXe siècle; l'ouvrage étant devenu rare, il est possible que ce bibliographe ne l'ait pas eu entre les mains." La même libraire proposait l'exemplaire personnelle de George Sand dans son bulletin de novembre 1890, n° 18493 au prix de 80 fr.

Il existe aussi des exemplaires avec les gravures tirées sur papier de Chine :

Dans le catalogue Perrin, un exemplaire sur papier de Chine ne contenant que le Grenoblo malhérou (n° 86). Les pages 1-16 sont sur papier ordinaire. "Le tirage de ces pages aura, malheureusement, été négligé, croyons-nous, au début de l'impression du volume et remis ainsi à plus tard, ce tirage n'a sans doute jamais été fait : nous n'en connaissons pas d'exemplaire".

Le catalogue X (2001) de la librairie Anne Lamort répertorie un exemplaire sur Chine (n° 8). La description comporte des folios, au lieu de pp. car il s'agit d'un exemplaire anopistographe, c'est à dire imprimé sur un seul côté des feuillets. Pour le deuxième ouvrage, elle donne 73 ff. chiffré 78, ce qui ne correspond pas à notre exemplaire qui contient effectivement 78 pp. Elle donne aussi un feuillet non chiffré à la fin de la deuxième partie qui n'existe pas dans notre exemplaire. C'est probablement ce feuillet qui porte l'achevé d'imprimé qui, selon son commentaire, "porte de façon inexplicable la date de 1860".  En effet, nous n'avons pas trouvé cette information dans notre exemplaire. Parmi les autres commentaires de la notice, nous pouvons relever : "Victor Hugo et Jules Janin saluèrent la publication du livre (cf. A. Monglond, "le romantisme des rapins à Grenoble : D. Rahoult illustrateur de Grenoblo malherou" in Pélerinages romantiques, Corti, 1968)". Elle signale que son exemplaire est bien complet du supplément "paru dix ans après la première partie et qui manque presque toujours". Elle ajoute que "Vicaire ne signale pas de tirage sur Chine, Carteret le croit très peu nombreux. Aucune de ces bibliographies ne cite la troisième pièce Jacquety de le Comare. Le supplément d'ordinaire en 21 pp. est ici en 78 pp.".

Un exemplaire de la deuxième partie a été vendu lors d'une vente aux enchères à Grenoble (Me Blache, 16/10/2000) pour le prix de 1 300 ff. Il s'agissait aussi d'un exemplaire sur Chine, imprimé d'un seul côté. Le catalogue précise : "Non cité par Vicaire".

Ces poésies ont aussi été publiées par Jean Lapaume dans :
Anthologie nouvelle, Recueil des poésies patoises des bords de l'Isère, Grenoble, Prudhomme, Giraud et Cie, 1866,
suivie d'une nouvelle édition :
Recueil de poésies en patois du Dauphiné, Grenoble, Xavier Drevet, Editeur, 1878 (voir n° 2.121).
Dans le Commentaire de ces ouvrages, J. Lapaume critique l'édition des poèmes de Blanc la Goutte dans cet ouvrage, ainsi que dans Grenoble inondé et Poésies en patois du Dauphiné (édition de 1859). Il considère ces éditions comme fautives et apporte de rectifications en s'appuyant sur les règles d'orthographes et d'étymologies du dialectes grenoblois. Il ne donne malheureusement pas clairement les principes sur lesquels il se fonde pour cela. Le meilleur exemple est qu'il privilégie l'orthographie malheirou, plutôt que les deux formes habituellement utilisées : malherou ou malhérou, en affirmant que « le patois n'emploie jamais d'accents dans le corps des mots. » (p. 493). D'où tire-t-il cette règle ?
Dans cette étude sur le texte, J. Lapaume ne renvoie jamais à l'édition originale du poème. Je pense qu'il devait aussi la trouver fautive.
La remarque de Michal-Ladichère à la fin de sa préface est probablement une réponse à cette tentative de J. Lapaume : « Il nous semble donc que l'invariabilité n'existant ni dans le patois de Grenoble, ni dans l'oeuvre de Blanc la Goutte, il est mieux de ne l'avoir pas imposé après coup. »
Il applique aussi des corrections au Dialoguo de le quatro comare et à la Coupi de la lettra.
Ensuite, il en profite pour égratigner largement les illustrateurs Dardelet et Rahoult, dont il relève les nombreux contre-sens dans l'illustration du texte. De nombreuses expressions auraient été mal comprises et la gravure correspondante serait ainsi incohérente avec le texte rétabli par J. Lapaume.
Pour finir, il juge sévèrement Blanc la Goutte, en le situant en bas de la hiérarchie des poètes patoisants grenoblois, loin derrière Laurent de Briançon et Jean Millet. Il lui reproche la forme de son poème, en ne lui trouvant aucune qualité littéraire. Curieusement, et non sans injustice, il attribue cela au manque d'études libérale ou humanités de l'auteur. En effet, il ne trouve aucune des formes classiques à ce poème (épopée ou épître) et fait même appel à Boileau pour le juger. Aujourd'hui, à la différence de J. Lapaume, le charme et l'intérêt que nous trouvons à ce poème proviennent justement de ce que lui reproche notre critique, c'est à dire sa liberté de forme et sa fraîcheur populaire. Il n'est donc pas étonnant qu'il égratigne aussi G. Sand, qui, dans sa préface à l'édition illustrée tant décriée par J. Lapaume, avait pourtant bien compris tout ce que l'on peut tirer de ce texte « digne d'être entendu et goûté de toute la France ».

Auguste Petit, dans sa notice biographique : Diodore Rahoult et son œuvre, Grenoble, 1874, consacre quelques pages à cet ouvrage (pp. 21-28). On y retrouve les mêmes renseignements que dans la préface sur l'origine des dessins qui illustrent cet ouvrage. Il reproduit quelques lettres de félicitations, dont celles de Victor Hugo, Jules Janin et George Sand. Il fait allusion à des difficultés (p. 47), qui auraient pu conduire à un procès, à propos de l'édition du Jacquety qui n'avait pas encore paru lorsque Diodore Rahoult est décédé.

Le Grenoblo malhérou et La Coupi de la lettra ont été réimprimés à l'identique : Grenoble, Editions Dardelet, 1966, in-4° (315 x 238 mm), IX-135-21 pp., reliure d'éditeur, jaquette. Il contient un livret non paginé de 28 pages avec la traduction des deux textes et la description des gravures correspondantes, précédées d'un Avertissement de Pau Dreyfus.


Vignette humouristique qui termine l'ouvrage

Poésies en patois du Dauphiné : vignette de fin

Commentaire personnel

Cet ouvrage magnifiquement illustré est indisepnsable pour tous les amoureux des beaux livres sur le Dauphiné. Il faut évidemment le trouver sans rousseurs (ce qui est possible), complet des deux ouvrages et, surtout, du Jacquety de le Comare et dans une belle reliure. Ce ne sont pas des conditions impossible à réunir car c'est un ouvrage relativement courant.

Références  (Voir : Liste des sources et références)

Notice biographique de Blanc la Goutte et Diodore Rahoult.
Notice biographique de Alexandre Michal-Ladichère.
Notice sur le graveur Etienne Dardelet

Notice biographique de George Sand sur Wikipedia.

Sur les différentes publications du Grenoble Malhérou et des deux autres poèmes, se reporter à la notice consacrée à une édition ancienne de ce poème.

Un chapitre particulier de : Diodore Rahoult, Paroles de palette. Grenoble, Musée de l'Ancien Evêché, Bibliothèque Municipale de Grenoble, 2013, est consacré à cet ouvrage : Le Grenoblo Malhérou, son "œuvre de prédilection", par Marie-Françoise Bois-Delatte (pp. 53-65), qui reproduit de nombreux dessins préparatoires, ainsi que des maquettes de mise en page, de l'exemplaire personnel de Diodore Rahoult, actuellement conservés dans le Fonds dauphinois de la Bibliothèque Municipale de Grenoble.

Maignien (Catalogue) : 15876
Perrin : 86 (premier ouvrage) et 1299 (ouvrage complet : "Superbe ex. de 1er tirage de ce bel ouvrage, bien complet").
SdB : 1442 (57 f.)
Carteret : III, 95 (non consulté)
Vicaire : I, 812-813.
BNF : RES YE 922 (premier ouvrage) et YE 2061 (deuxième ouvrage).

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à m'écrire : bibliotheque.dauphinoise@noos.fr

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