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Images anciennes des Ecrins

Reproductions de quelques unes des images anciennes des Ecrins qui se trouvent dans les ouvrages de ma bibliothèque. Cet inventaire n'est pas exhaustif, mais j'espère qu'il apportera des renseignements intéressants aux amoureux de cette montagne. Sur le thème proche de la découverte et de l'exploration des massif du Haut-Dauphiné, vous pouvez aussi consulter la page thématique : Découverte du Haut-Dauphiné : topographie et exploration du massif des Ecrins, ainsi que les pages consacrées aux deux autres sommets majeurs du massif : la Meije et le Pelvoux.

A la différence de La Meije, il n'existe pas d'inventaire des images des Ecrins. Nous nous baserons sur nos connaissances de la bibliographie haut-alpine pour bâtir cet inventaire.

En guise d'introduction

Comme on le verra, l'iconographie ancienne des Ecrins est pauvre. Cela s'explique d'abord par le fait que ce sommet n'a vraiment été identifié et nommé qu'au cours de la première moitié du XIXe siècle. La carte de Bourcet, les descriptions de Pezay nomment et situent effectivement une montagne d'Oursine, mais sans la caractériser ni par son altitude, ni par sa situation au cœur du massif. Il faut attendre l'ascension du Pelvoux par le capitaine Durand en 1828 pour que l'on sache qu'il existe un sommet plus haut que le Pelvoux. Mais cette découverte ne permet pas pour autant de faire connaître ce sommet. W. Brockedon, premier voyageur qui s'intéressa aux sommets des Ecrins, est resté trop en marge du massif pour apercevoir les Ecrins. On verra que J. Forbes, un des premiers explorateurs qui s'est aventuré au cœur du massif, n'est pas arrivé à faire le lien entre le sommet qu'il voyait depuis les Etages et un sommet dont il connaissait l'existence sans l'avoir vu.  Même en août 1861, E. Whymper croit pouvoir atteindre ce Pic des Arsines en gravissant le Pelvoux. Il n'avait pas retenu toute la leçon de la découverte du capitaine Durand. Quelle déconvenue lorsqu'il s'aperçut qu'un "abîme effroyable" séparait les deux sommets ! C'est T. G. Bonney qui donna la première description exacte et claire du massif intérieur dans un ouvrage remarquable : Outline Sketches in The High Alps of Dauphiné, qui est malheureusement mal connu. Dans les quelques planches de cet ouvrage, on voit pour la première fois les représentations de la face nord des Ecrins, mais aussi de la face sud de la Meije, le Pelvoux depuis Tuckett, etc.

Dans la cartographie, la première mention des Ecrins se trouve dans la Carte du Haut-Dauphiné de Bourcet, en 1758, qui donne une représentation plus précise du massif, avec une toponymie plus complète que les autres cartes publiées auparavant. Les Ecrins sont indiqués sous le nom de Montagne d'Oursine, mais cette représentation reste encore assez imprécise. La cartographie de la partie Est de la montagne, avec les différents vallons menant au Ecrins est à peu près correcte. Sont indiqués le Vallon de Bonne Pierre et le Vallon de la Pilatte (appelé Vallon de la Pirade). En revanche, la partie Ouest est plus grossièrement dessinée. Rien ne signale la présence des glaciers Blanc et Noir, avec les deux vallées clairement distinctes. En comparant avec une carte moderne, la Montagne d'Oursine de Bourcet semble se confondre avec la Roche-Faurio vue depuis le glacier de la Plate des Agneaux (Vallon de l'Arp, sur la carte de Bourcet) et avec le Pic de Neige-Cordier vu depuis le glacier d'Arsine. Il est probable que les topographes militaires, n'ayant pas pénétré au cœur du massif, avaient des difficultés à caractériser et différencier les sommets, selon les points de vue par lesquels ils les abordaient.

Carte du Haute-Dauphiné, Bourcet
Carte du Haut-Dauphiné, Bourcet : Les Ecrins
Les Ecrins (carte IGN)
Carte du Haut-Dauphiné, Bourcet : Les Ecrins (carte IGN)
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La première représentation des Ecrins.

A ma connaissance, la première représentation des Ecrins se trouve dans le chapitre consacré au Dauphiné (the High Alps of Dauphiné) dans Norway and its glaciers visited in 1851, de James D. Forbes, publié en 1853. Les Ecrins sont représentés par une belle lithographie en couleurs : Valley of La Berarde - Dauphiné qui montre les Ecrins vus depuis les Etages. Cependant, J. Forbes n'identifie pas ce sommet. Pour la connaissance de la topographie du pays, il s'appuie sur la Carte du Haut-Dauphiné de Bourcet, publiée en 1758. Cela lui fait commettre quelques erreurs ou confusions. Par exemple, il ne fait pas le lien entre le montagne d'Oursine (Les Ecrins – 4 102 m), qu'il voit depuis les Etages, et la pointe des Arcines ou des Ecrins, dont il connaît l'existence par les ingénieurs français, mais qu'il n'a pas vue lors de son passage à Vallouise. Il sait néanmoins qu'il existe une montagne plus haute que le Pelvoux, dont l'altitude est de 13 468 pieds (4 105 m.). 


Les Ecrins depuis les Etages,
vus par J. Forbes
Lithographie : les Ecrins, depuis les Etages (La Bérarde)
Les Ecrins depuis les Etages,
 vus par l'abbé Guétal
Abbé Laurent Guétal : Les Ecrins, depuis les Etages (La Bérarde)
Les Ecrins depuis les Etages,
 Photo prise le 21/8/2008
Photographie : les Ecrins, depuis les Etages (La Bérarde)
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A titre de comparaison avec cette première représentation, nous avons mis une reproduction d'un tableau de l'abbé Laurent Guétal qui est une autre représentation des Ecrins depuis la vallée de la Bérarde, avec le hameau des Etages au premier plan. On peut ainsi voir la différence de traitement entre un représentation encore très marquée par une vision romantique de la montagne et une autre qui se veut une image fidèle et réaliste. Ce tableau, appartenant à une collection particulière, est reproduit (p. 76) dans : Jean Achard, Laurent Guétal, Charles Bertier. Trois maîtres du paysage dauphinois, 2005. Nous avons mis à côté une photo récente des Ecrins depuis la route de La Bérarde, un peu en aval des Etages (photo prise le 21 août 2008).


Approche des Ecrins.

Dans un recueil d'articles publié par l'Alpine Club en 1862, Peaks, Passes, and Glaciers; Second series, un chapitre entier est consacré aux Excursions in Dauphiné. Parmi les 4 articles, une préoccupation commune transparaît : comprendre la topographie de l'intérieur du massif. Il y a encore beaucoup de confusion entre la montagne d'Oursine, la pointe d'Arcine, la pointe des Ecrins, voire le Pelvoux. Les différents voyageurs savent qu'il existe un sommet de plus de 4 000 m. au centre du massif. Parmi les 14 gravure qui illustrent ce chapitre, il n'y a pas à proprement parler de représentation de la montagne des Ecrins donnée pour tellle, à la différence de la Meije et du Pelvoux. Elle apparaît tout de même sur la carte qui illustre ce chapitre, sous le nom de Mte d'Oursine, et on la retrouve dans cette gravure La Bérarde, qui reproduit la lithographie qui illustre les Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Dauphiné, du baron Taylor et Charles Nodier, 1854. Les Ecrins, que l'on voit à l'arrière plan, sont reproduits moins fidèlement que dans la lithographie originale. C'est le point de vue que l'on a des Etages, comme dans les vues précédentes.



La Bérarde

Peaks, Passes and Glaciers
Sketch map of M. Pelvoux
& surrounding glaciers.

Peaks, Passes and Glaciers
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Premières vues et premières explorations des Ecrins.

Abandonnant le principe des recueils d'articles, l'Alpine Club fait paraître à partir de 1863 une revue : Alpine Journal, qui est toujours publiée. Dans le premier volume, on trouve les premières représentations fidèles des Ecrins, en illustration de cet article : Explorations in the Alps of Dauphiné, during the month of July, 1862. Read at the meeting of Alpine Club, June 9th, 1863, F. F. Tuckett, F.R.G.S. (Vol. I, n° IV, december 1863, pp. 145-183). C'est le récit d'une excursion au cœur du massif des Ecrins, dans le but de mieux comprendre et décrire la topographie du massif. Avant d'aborder le massif, F. F. Tuckett obtient du Dépôt de la Guerre, l'organisme en charge de lever et publier la carte d'Etat-Major, une première version de la future feuille de Briançon, à paraître, qui décrit la topographie du massif. C'est muni de ce précieux document, qu'il peut ensuite programmer une série de courses autour de la Barre des Ecrins, menées en juillet 1862 avec trois guides, dont Michel Croz. Ce qui fait aussi l'intérêt de cet article sont les trois schémas qui décrivent précisément le profil des montagnes qu'ils découvrent, dont 2 représentent les Ecrins :
- The Col and Pointe des Écrins seen frome the slopes N.W. of Les Étages (p. 168)
- The Pointe des Ecrins col and névé of Glacier Blanc, from Col du Glacier Blanc (p. 176)

Alpine Journal, 1863-1870 Alpine Journal, 1863-1870
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Ces schémas sont novateurs dans leur esprit, en introduisant une manière détaillée et précise de représenter les montagnes, loin des styles plus artistiques et travaillées de leurs prédécesseurs. Il suffit de comparer le premier schéma avec la représentation du même point de vue du paragraphe précédent. C'est aussi la première représentation de la face nord des Ecrins.

Dans le 2e volume, A. Moore fait le récit de la première ascension de la Barre des Ecrins, le 25 juin 1864, par Edward Whymper, A. W Moore, Horace Walker et les guides Michel Croz et Christian Almer. L'article est illustré d'une très belle représentation des Ecrins, depuis le col du Galibier, d'après un dessin de Whymper. Sans être la première représentation de la face Nord, c'est la première fois qu'elle est rendue avec une telle précision, quasi photographique.

Alpine Journal, 1863-1870
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Les Ecrins par T.-G. Bonney

Dans un ouvrage paru en 1865 : Outline Sketches in The High Alps of Dauphiné, T.-G. Bonney fait le récit de 4 voyages dans les Alpes du Dauphiné, en 1860, 1862, 1863 et 1864. Il est l'un des premiers voyageurs anglais qui aient exploré et parcouru cette partie des Alpes, alors très méconnue et délaissée. Cet ouvrage est illustré de 22 lithographies représentant des sommets et des panoramas du massif des Ecrins, dont 3 vues particulières des Ecrins et un panorama où ils apparaissent. Les dessins sont de T. G. Bonney et les gravures de H. Adlard. Ce sont parmi les premières représentations des sommets du massif. Elles se distinguent des précédentes par la précision et la netteté du trait. Il ne s'agit plus d'une œuvre d'artiste, mais d'un travail scientifique.

Planche VII
Planche VII Outlines sketches of High Alps of Dauphiné
Planches VIII et IX
Planches VIII et IX Outlines sketches of High Alps of Dauphiné
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La planche VII contient trois vues des Ecrins, deux de la face Nord et une de la face Sud-Ouest. Pour la face sud-ouest, c'est la première représentation existante.
Les planches VIII et IX sont une autre vue panoramique depuis les Grandes-Rousses où l'on distingue les Ecrins dans l'ouverture de la brèche de la Meije.


Les Ecrins par Martino Baretti

Le géologue italien Martino Baretti (1841-1905) explore le massif des Ecrins en août 1872. Il donne un compte-rendu de son excursion dans le Bollettino del Club Alpino Italiano, 1872-1873 : Otto giorni nel Delfinato, dont il a été fait un tiré à part en 1873. Cet ouvrage est illustré de 4 planches chromolithographiques. M. Baretti ayant abordé le massif par la Vallouise et Ailefroide, il s'est surtout intéressé aux Pelvoux et aux Ecrins. Dans le  panorama du massif depuis le sud-est, la face sud des Ecrins apparaît derrière le Pelvoux (Tavola IX). Sur cette même planche, les Ecrins sont à l'honneur surtout sur les deux vues en couleurs représentant, l'une la face nord depuis le col du glacier Blanc et l'autre la face sud-ouest depuis le glacier de la Pilatte. Dans le grand panorama du massif depuis le Chaberton (Tavola X), les Ecrins apparaissent bien dessinés. La première nouveauté est qu'il s'agit d'une représentation en couleurs du massif. Mais c'est surtout par le panorama depuis le Chaberton que cette représentation apporte un point de vue inédit sur le massif.

Tavola IX
Otto giorni nel Delfinato
Tavola X
Otto giorni nel Delfinato
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Détails des représentations des Ecrins (avec le Pelvoux) dans les deux panoramas : 

Tavola IX
Otto giorni nel Delfinato
Tavola X
Otto giorni nel Delfinato
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Détails des représentations des Ecrins sur la planche IX :

Otto giorni nel Delfinato Otto giorni nel Delfinato
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Diverses représentations des Ecrins, glanées au fil de mes trouvailles.

- La pré-publication d'Escalades dans les Alpes de E. Whymper dans le Tour du Monde de 1872 contient une gravure illustrant un incident aux Ecrins en 1864. Le guide Almer faillit tomber dans le vide lors de l'effondrement d'une corniche de neige. Cette gravure n'a pas été reprise dans l'édition définitive d'Escalades dans les Alpes, parue en 1873.

Un mauvais pas à la pointe des Ecrins
Escalades dans les Alpes, E. Whymper : Ecrins
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- Deux gravures extraites de : Les Alpes du Dauphiné, de E. Debriges (1885). Sur la deuxième gravure, le haut de la face Sud de la Barre des Ecrins apparaît au dessus du glacier Noir.

Barre des Ecrins,
vue prise du glacier Blanc
Alpes du Dauphiné, Debriges : gravure : Barre des Ecrins
Le glacier Noir,
vu des pentes du glacier Blanc
Alpes du Dauphiné, Debriges : gravure : Le glacier Noir
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- Gravure d'Emile Guigues, représentant : La Barre des Ecrins, pour illustrer un récit d'une ascension à la Meije par Emile Viallet le 24 août 1888 : La Barre des Ecrins et le Grand Pic de la Meije, Desroches [Emile Viallet], 1891

La Barre des Ecrins et le Grand Pic de la Meije, Desroches [Emile Viallet]
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-  Dessin du peintre Tancrède Bastet (1855-1942) d'après une photographie d'Eugène Charpenay, illustrant le guide touristique de 1893 : Grenoble considéré comme centre d'excursions alpestres, par Henry Duhamel :

Grenoble considéré comme centre d'excursions alpestres : Les Ecrins
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- Panorama vu de la Tête de la Maye, 4 photographies par Tairraz. Sur ce panorama, on peut voir la face ouest des Ecrins, et le vallon de Bonne-Pierre (deuxième photographie depuis la gauche). La photo doit dater des années 1900.

Panorama vu de la Tête de la Maye, Tairraz
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- Photographie des Ecrins, par Jean-Baptiste Jouvin, qui illustre sa plaquette La Vallouise et le Massif du Pelvoux, Marseille, 1903

La Vallouise et le massif du Pelvoux
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- Sélection des illustrations représentant les Ecrins dans La Meije et les Ecrins, de Daniel Baud-Bovy, illustré par Ernest Hareux, paru vers 1908. Ne sont reproduites que les dessins illustrant les grandes planches. Il y a d'autres représentations des Ecrins parmi les 50 vignettes dans le texte.

Campement improvisé des Ecrins
La Meije et les Ecrins, Baud-Bovy
Le sommet des Ecrins
La Meije et les Ecrins, Baud-Bovy
La moraine de Bonne-Pierre et le col des Ecrins
La Meije et les Ecrins, Baud-Bovy
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- Dans le cadre de son relevé géométrique des Alpes françaises, Paul Helbronner publia en 1934 un panorama aquarellé, pris depuis la pointe Durand, un des 3 sommets du Pelvoux. Ce panorama a été dessiné à partir des relevés faits en juillet 1902. Totalement déplié, il fait 6 mètres de long. J'ai en extrait la vue des Ecrins, face sud-est, avec le Fifre à gauche (pour plus de précisions sur ce panorama et la photographie complète, voir Tour d'horizon complet du sommet du Pelvoux) :

Tour d'horizon complet du sommet du Pelvoux : les Ecrins
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Cet ex-libris contient une représentation des Ecrins :

Ex-libris de Paul Helbronner (1871-1938)
Paul Helbronner : ex-libris (La Meije)